Vulnérabilité et différences liées au sexe face aux troubles cognitifs post- traumatiques dans un modèle murin de traumatisme cérébral
Amandine Consumi
Equipe « Activités précoces dans le cerveau en développement »
Résumé :
Le TC touche plusieurs millions de personnes chaque années dans le monde (Bondi et al., 2015), selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) il est devenu en 2020, la troisième cause de mortalité et de handicap à long terme, en faisant un enjeu de santé publique majeur. Il constitue une « épidémie silencieuse » au profil dynamique divisé en 2 phases : une phase initiale siège des lésions directes de l’impact telles que des lésions axonales diffuses, un œdème ou une hémorragie à l’origine de bouleversements cellulaires et moléculaires ; une phase dite de latence, conséquence de ces bouleversements et siège de l’apparition de troubles post-traumatiques variés tels que des atteintes motrices, neurologiques, cognitives et neuropsychiatriques (Goubert, 2019 ; Tessier, 2023) et enfin une phase chronique durant laquelle, les troubles cognitifs et neuropsychiatriques sont les pathologies les plus fréquentes. Cependant cette présentation clinique diffère entre hommes et femmes ce qui rend la prise en charge des TC particulièrement difficile.
Sur le plan neurobiologique, les études pré-cliniques menées chez l’homme et sur des modèles animaux mettent en avant des altérations, de la neurogenèse hippocampique, mais aussi de la neurotransmission GABAergique dépendante de l’homéostasie des ions chlorure. Néanmoins la quasi-totalité des études ont été menées exclusivement chez le mâle. Ces éléments nous invitent alors à nous interroger : existe-t-il des effets du sexe sur les conséquences des TC ?
Mon travail de thèse suggère qu’il existe des différences liées au sexe dans les réponses moléculaires, cellulaires et comportementales suite au TC et suggèrent une stratégie différentielle chez les femelles pour compenser les déficits neuronaux induits par le traumatisme. En effet, j’ai pu mettre en évidence des comportements distincts entre les mâles qui présentent des réponses associées à des symptômes d’anxiété et les femelles qui présentent des symptômes associés à l’impulsivité. Au niveau cellulaire et moléculaire, j’ai mis en évidence que certes les deux sexes présentent une perte d’interneurones à parvalbumine dans l’hippocampe 1 mois après le traumatisme, mais que les femelles présentent une plus forte vulnérabilité face à ces atteintes, ce que confirme l’expression élevée du facteur pro-apoptotique P75NTR chez la femelle et du facteur neurotrophique BDNF chez le mâle. Par ailleurs, mes résultats montrent une altération des rythmes thêta dans l’hippocampe des animaux lésés associée à une diminution des performances cognitives et mettent encore une fois l’accent sur la complexité des suites traumatiques chez les femelles qui présentent une plus forte variabilité de ces rythmes hippocampiques.
Prises dans leur ensemble, les données accumulées lors de ma thèse mettent l’emphase sur le besoin d’utiliser les deux sexes en recherche fondamentale et pré-clinique et nous invitent à ré-évaluer certaines pistes thérapeutiques pour optimiser la prise en charges des patients TC.
Jury :
Isabelle BARDOU, Rapportrice – Université de Caen
Gilles HUBERFELD, Rapporteur – Institut de Psychiatrie et Neuroscience de Paris (IPNP)
Caroline CHAMBON, Examinatrice – amU
Isabelle GUILLEMAIN, Examinatrice – Grenoble université
Valery MATARAZZO, Président – amU
Christophe PELLEGRINO, Directeur de thèse – amU
Claudio RIVERA, Co-directeur de thèse – amU
Lundi 28 avril 2025 à 10h, salle de conférence de l’Inmed