Jérôme Epsztein est un jeune chercheur de 37 ans, qui a acquis une belle expérience de près de 10 ans de recherche sur l’épilepsie au laboratoire INSERM U901/INMED (Institut de Neurobiologie de la Méditerranée) de Marseille.

 

FFRE. Jérôme Epsztein, pouvez-vous nous dire comment vous avez été amené à consacrer votre activité professionnelle à la recherche et plus précisément dans le domaine de l’épilepsie ?

JE. J’y ai été conduit à la fois par mon intérêt et ma curiosité pour le fonctionnement du cerveau. J’ai découvert la recherche sur l’épilepsie lors de mon travail de thèse à l’Institut de Neurobiologie de la Méditerranée à Marseille. Je me suis rapidement passionné pour cette pathologie et j’ai décidé de continuer à l’étudier car les traitements disponibles actuellement n’apportent pas de solution à tous les types d’épilepsie et tous les patients. Ayant obtenu une licence de biologie à Paris, je suis venu à Marseille pour un Master de Neurosciences que j’avais choisi pour son contenu pédagogique. J’ai enchaîné avec la préparation de ma thèse de Doctorat concernant le rôle des récepteurs kaïnate dans la transmission synaptique excitatrice dans un contexte physiologique et dans l’épilepsie du lobe temporal. Ce travail de thèse avait été réalisé in vitro sur des neurones maintenus en survie artificielle et isolés de leurs principales voies afférentes en provenance d’autres structures cérébrales. J’ai voulu comprendre l’impact des modifications observées dans le cerveau épileptique de façon intégrée. Pour ce faire je suis allé me former dans le Laboratoire du Pr Michael Brecht à Berlin à l’enregistrement de l’activité électrique des neurones in vivo. Par la suite, j’ai obtenu un poste de chargé de recherche à l’Inserm. Me trouvant bien, en confiance dans l’équipe de « Physiologie de l’Epilepsie du Lobe Temporal » placée sous la responsabilité de Valérie Crépel, j’y suis retourné comme chargé de recherche.

FFRE. Quels sont les thèmes de recherche de cette équipe et notamment les vôtres ?

JE. L’équipe travaille dans le domaine de l’épilepsie du lobe temporal – forme à la fois la plus répandue d’épilepsie partielle chez l’adulte mais aussi le plus souvent pharmaco-résistante – sur une structure cérébrale fréquemment impliquée dans la genèse des crises : l’hippocampe. Il est nécessaire d’en comprendre mieux la physiologie de façon à pouvoir trouver des anti-épileptiques efficaces. L’équipe s’intéresse en particulier à un sous-type de récepteurs au glutamate (le principal neurotransmetteur excitateur du cerveau) le récepteur kaïnate. Il y a plus de trente ans, le laboratoire dirigé par le Pr Yehezkel Ben-Ari avait déjà mis en évidence l’effet convulsivant de l’activation de ces récepteurs par injection de leur agoniste exogène préférentiel : le kaïnate. Pour ma part, lors de ma thèse de doctorat, sous la direction du Dr Valérie Crépel, j’ai plus particulièrement travaillé à mettre en évidence que les synapses aberrantes moussues qui se forment dans l’épilepsie du lobe temporal (comme l’a montré le Dr Alfonso Represa au laboratoire) opèrent via des récepteurs kaïnate. Cette découverte était la première preuve que les récepteurs kaïnate étaient modifiés dans l’épilepsie du lobe temporal et donc  pouvaient éventuellement jouer un rôle dans la survenue des crises spontanées. L’équipe dirigée par Valérie Crépel étudie actuellement les conséquences de cette transmission synaptique kaïnate aberrante sur la genèse des crises épileptiques et sur le fonctionnement de l’hippocampe en dehors des crises. Au sein de l’équipe je développe une approche intégrée visant à comprendre les altérations de codage de l’hippocampe dans le contexte de l’épilepsie du lobe temporal en travaillant sur des animaux anesthésiés et éveillés en comportement.

Lire la suite

 

 

 

 

 

 

Partager l'article